lundi 2 février 2015

Les seconde 3 à l'opéra

La clémence de Tito

Vous trouvez deux articles pour préparer cette sortie des secondes trois.

Les secondes 3 sont attendus à l'opéra du rhin le mardi 3 février à 19h. Ils partiront du séminaire de jeunes à 18h20.

Dernières Nouvelles d'Alsace  Cahier REFLETS du samedi 31 janvier 2015 

Una porcheria tedesca ! (une cochonnerie allemande) aurait commenté l'impératrice Maria-Louisa lors de la première de La Clémence de Titus à Prague, le 6 septembre 1791. Le lendemain, elle confiait à sa belle-fille : « nous y avons presque tous dormi. »
Voilà donc l'un des deux derniers opéras de Mozart, contemporain exact de La Flûte enchantée, bien injustement vilipendé, et même enterré pour longtemps ! En 1969, il fallut un certain courage à Jean-Pierre Ponnelle pour l'exhumer au Royal Opera House de Covent Garden, alors que des générations de musicologues avaient enfourché la thèse de l'échec.
Le temps nécessaire à Mozart pour le composer ? Six semaines, même pour un génie, bien trop court ! Et puis Wolfi n'avait-il pas besoin de monnaie sonnante et trébuchante pour faire face au train de vie de son ménage ? Il ne pouvait donc que prendre moyennement au sérieux cette commande destinée, une fois de plus, à caresser le pouvoir dans le sens du poil.
Mais alors, comment justifier l'injustifiable ? Le choix du livret du grand Métastase, mis plus de 40 fois en musique avec succès. Et surtout, le triomphe au soir de la création - quand bien même l'impératrice et toute sa lignée auraient somnolé ! En revanche, plus sérieux était le reproche d'inconsistance dramatique pour Sesto, Tito et Vitellia, engoncés dans la forme binaire récitatif/air, de surcroît avec da capo obligé, ce qui a pour effet immédiat d'enliser l'action.
À y regarder de plus près, tous ces griefs ne tiennent guère. Le livret de Métastase a été considérablement resserré, sur deux actes, par Caterino Mazzolà. Comme dans Idoménée, le précédent opéra seria, les idées chères à Mozart sont distillées dans ses personnages : amour, tolérance, pardon, trahison, soif de pouvoir, doute, héroïsme, acceptation de la mort, tout est fait pour nous émouvoir. Un véritable catalogue de passions humaines partagé par des dramatis personae de chair et de sang. Hasard de la programmation, le télescopage de cette Clémence avec les récents et dramatiques événements ayant touché notre pays, résonnera inévitablement en nos consciences de public contemporain.
Quant à la musique, elle n'a pas été composée en quelques jours comme on le prétend. Cette frénésie de composition était en réalité le fruit d'un long mûrissement intérieur et l'on sait depuis peu que le divin rondo de Vitellia, accompagné par le cor de basset, avait probablement été interprété au printemps 1791 par la soprano Josepha Duschek. Ce projet d'opéra apparaît d'ailleurs dans une lettre de Mozart dès sa rencontre avec le directeur du théâtre de Prague en avril 1789.
Côté distribution, l'Opéra National du Rhin a bien fait de retenir la mezzo-soprano Stéphanie d'Oustrac. En 2013 à l'Opéra de Paris, on avait admiré ce Sesto saisissant de vérité, bouleversante dans le fameux air Parto, parto. Nul doute que le public alsacien appréciera sa diction claire et son aisance vocale. Certains se souviendront peut-être de son exceptionnelle incarnation du rôle-titre dans La Belle Hélène d'Offenbach en 2006, mis en scène par Mariame Clément. Également le choix judicieux d'inviter l'excellent Andreas Spering en fosse, en fin connaisseur de ce répertoire, devrait augurer d'une réussite totale qui ne pourra que faire mentir la méchante impératrice !



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire